La chambre d'amis

Une chambre vaste située dans une tourelle du château Side, avec une vue imprenable sur la mer d'Azur et l'île Magistra, faisait office de chambre d'amis. La pièce était décorée de draperies ivoire autour de fenêtres immenses par lesquelles le soleil pénétrait, enveloppant la pièce d'une lumière féérique. Le grand lit à baldaquin, situé sur le mur opposé aux grandes fenêtres, prenait une bonne partie de la chambre, sans toutefois l'encombrer. Sur les côtés, deux grandes armoires d'acajou assez spacieuses pour accueillir des vêtements pour 6 mois de séjour étaient adossées au mur. C'était, disait-on, une des plus belles pièces du Château Side.

*Quand la blessée fut posée sur le matelas moelleux et recouverte d'une chaude couverture, une jeune infirmière se tournant vers Siam et Sagwee en disant de sa voix douce : *

- Il lui faudra rester au lit pendant deux semaines au minimum. Interdiction de bouger jusque-là. Il n'est pas impossible qu'elle garde quelques séquelles, aussi il lui faudra ménager son coeur et ses muscles, et veiller à modérer ses instincts de combat, ajouta-t-elle avec une sourire doux, se doutant bien du caractère de la patiente.

*Puis elle s'inclina et sortit en fermant doucement la porte, laissant l'Héritière et sa tante seules avec la mendiante. Au bout de vingt minutes, et malgré une respiration difficile et sacadée, Stena gémit et ouvrit doucement les yeux.*

Siam et Sagwee ouvrirent une armoire dans laquelle étaient rangés de petits bancs rembourés. Elles prirent place près de Stena. Siam sourit à son amie.

Sagwee observait sa tante. C'était donc elle. C'était elle qui avait causé tant de malheurs à sa famille. C'était elle qui l'avait fait grandir en quelques secondes. C'était elle, c'était elle, c'était elle... Une foule de sentiments se bousculaient dans la tête de l'adolescente. Devait-elle être en colère, ou bien heureuse de retrouver sa marraine? Sagwee détourna la tête et posa les yeux sur la fenêtre, songeuse.

Dans le couloir, Min-Lee avançait à pas furieux. Elle croisa une infirmière.

- Sans doute cherchez-vous la Princesse? Elle est dans la chambre d'amis.
- Merci.

Min-Lee avait été froide, pour une des rares fois où elle avait parlé à cette infirmière. Celle-ci en fut fort étonnée, connaissant la réputation de la reine.

Min-Lee continua son chemin et ouvrit la porte à la volée. Siam leva les yeux, perplexe, et Sagwee sursauta en poussant un cri. La jeune fille s'apprêta à parler, mais lorsqu'elle vit le regard de sa mère, elle se tut.

Siam se leva, sans un mot. Le regard meutrier de Min-Lee pesait sur elle comme un éléphant. Les deux jeunes femmes se fixèrent pendant de longues minutes jusqu'à ce que le regard de la reine se fasse plus menaçant que jamais. Siam fut soudainement prise de panique.

- Min-Lee, je...
- Toi, je ne t'ai pas donné la permission de t'addresser à moi alors tu la fermes, compris?
- Mais heu...
- La dernière fois que je t'ai vue, petite impertinente, commença la reine sur un ton dangereusement calme, tu nous a fait une de ces colères, une colère de petite fille de riche. Oh, bien sur, la Princesse de l'Alliance doit avoir tout ce qu'elle veut, c'est bien connu. Non seulement tu t'es permis de nous crier dessus comme de vulgaires animaux, mais en plus tu as jeté un sort à notre fille, nous gâchant ainsi le plaisir d'être parents.
- Maman, arrête.
- Et ensuite, tu as le culot de te présenter devant moi, après avoir fait subir les pires supplices à Dekkan.

Min-Lee fit un pas en direction de Siam, un silence lourd pesant sur la pièce. Sagwee était terrifiée. Elle n'avait jamais vu sa mère aussi furieuse.

- Siam deSide, tu n'es plus la bienvenue ici. Va-t'en.

Siam ne bougea pas. Elle fixait Min-Lee droit dans les yeux, un air de défi peint sur son visage. Ses instincts acquis dans le Feu refaisaient surface.

- Et si je ne bouge pas?
- Alors dans ce cas, fit Min-Lee en dégainant une dague, je serai obligée de te faire sortir moi-même.
- Maman, arrête! , cria Sagwee.

Sagwee s'était interposée entre sa mère et sa tante d'un air décidé. Min-Lee, bouche-bée, fit un pas en arrière.

- Mais Sagwee...
- Ne la tue pas, Maman. Elle m'a sauvé la vie.
- ...?

Dekkan était arrivé, essoufflé, et prit une expression horrifiée devant la scène. Cela lui prit un moment avant de s'approcher tranquilement de Min-Lee et de lui enlever son arme. La jeune femme, bouleversée, s'évanouit. Dekkan la rattrappa et la prit dans ses bras.

- Je crois qu'elle a eu un trop d'émotions pour aujourd'hui. Siam, Sagwee, suiviez-moi.

Les deux jeunes filles se regardèrent et suivirent le roi, sans prêter plus d'attentions à Stena.

*Stena avait suivit la scène enf ixant le haut du lit à baldaquin, n'utilisant que ses oreilles pour tout distinguer. Quand ils partirent tous, elle soupira autant que ses organes vitaux le lui permettaient et ferma les yeux, une larme de rage coulant sur sa joue encore moîte : Il faut exterminer les Ténébreux. Les tuer à tout prix. Laisser tomber l'éthique humanitaire et les faire souffrir sans pitié...*

[Stena dans le côté obscur de la Force...]

Le temps passait trop lentement au goût de Stena. Tout le monde était occupé et elle n'avait rien à affaire si ce n'est supporter seule ses douleurs. Elle tourna la tête vers la fenêtre où le ciel bleu et quelques nuages moutonneux baignaient toujours dans le soleil. Restant un instant ainsi, la mendiante tenta de se redresser, combattant du mieux qu'elle pouvait les petites aiguilles qui la picotaient et les déchirures recousues. Habillée de la toge blanche des patients, elle écarta les couvertures et se mit de bout. D'abord chancelante, elle s'appuya sur tout ce qu'elle pouvait pour rejoindre la fenêtre, qu'elle ouvrit en grand. Une brise fraîche vint voletter dans la chambre et caresser le visage grave de Stena. Celle-ci admira d'abord la vue sur la capitale, puis leva le regard vers la direction des steppes, se tenant à la rembarde. Elle ferma les yeux, un fort courant d'air chaud venant l'entourer.
Plus tard, la chambre était vide, la fenêtre ouverte, et des grains de sables suspect au bord de cette dernière.

(XD)

Des petits coups timides furent frappés à la porte de la chambre.

- Stena? fit la voix de Dekkan.

N'entendant pas de réponses, il ouvrit doucement la porte, de peur de réveiller la mendiante qu'il croyait assoupie. Lorsqu'il vit la fenêtre ouverte et le monticule de sable caractéristique d'un déplacement de la mendiante, le Roi n'eut même pas besoin de jeter un regard au lit pour savoir que la désertique ne s'y trouvait plus. Dekkan, paniqué, courut vers la fenêtre, Min-Lee sur ses talons.

- Elle est aux Steppes.

Min-Lee posa une main sur l'épaule de son mari.

- Et ce serait une bonne idée que nous y retournions aussi, tu ne crois pas? On pourra la ramener en même temps.

Dekkan acquiesca et, sans rien ajouter, prit la direction de la porte. L'inquiétude se lisait sur son visage.

Min-Lee resta un moment à regarder par la fenêtre, pensive. L'air frais qui s'y infiltrait agitait ses longs cheveux noirs. L'atmosphère que paix qui régnait au château la mettait mal à l'aise avec ce qui se passait au-dehors. L'asiatique ferma les yeux un moment avant de suivre Dekkan.

Min-Lee se faufila par la fenêtre, portant toujours Stena, Helridj et Yani. Le corbeau étant sur son dos, elle eut plus de difficulté à le poser en douceur sur une chaise. Elle étendit Stena et Helridj sur le lit pour souffler un peu.

Invité

Yani reprit sa forme humaine, mais, étant toujours inconsciente, glissa et s'affala sur le sol. Elle n'était plsu qu'à moitié consciente, c'est pourquoi elle avait pu rester sous forme corbeau pour faciliter la tâche à Min-Lee.

Après quelques minutes, un léger gémissement s'éleva des lèvres chaudes de Stena. Puis sous ses paupières se mirent à bouger ses yeux. Et enfin, elle les ouvrit. A demi d'abord, sous la lumière du jour, mais aussi pour reprendre ses esprits. Se rendant compte qu'elle était maintenant loin du froid qu'elle avait ressenti sur son corps en plein milieu du champ de bataille, elle fit totalement apparaître ses iris d'un étrange orange. Ils se tournèrent alors vers Min-Lee, puis, sentant une autre présence bien plus proche, la mendiante s'efforça de bouger la tête du côté où était allongé Helridj. Stena entrouvrit les lèvres de stupéfaction (ou d'qinuiétude ?), tentant de faire vibrer ses cordes vocales encore un peu froides. Il n'en sortit qu'un faible murmure rauque.

- Qu'est-ce que...

Elle battit des paupières puis revint sur Min-Lee.

- ...j'ai loupé ?

Min-Lee entendit Stena au moment où Yani tombait de sa chaise. Elle décida de se tourner vers la mendiante. De toute manière, la femme-corbeau n'était pas consciente. Elle accourut vers la désertique, un sourire ému aux lèvres.

- Stena! Enfin!

Au même moment, Siam et Phélos apparurent dans la petite pièce. Siam lâcha la main du jeune homme pour se précipiter sur Stena.

- Tu... Tu... Ça a marché!!!

Elle souleva le haut du corps de la mendiante et la serra contre elle. Min-Lee riait, les larmes aux yeux. Dekkan se matérialisa aussi et salua Phélos d'un signe de tête. Min-Lee le regarda.

- Où est Saïma?
- Au champ de bataille.
- Ha, elle est infatigable, vraiment.

Elle s'approcha de son mari et lui chuchota à l'oreille:

- Qui est cet homme?
- Le nouveau copain de Siam
- Un... un ténébreux?
- Plus maintenant. Il a rejoint nos rangs.

Min-Lee haussa les épaules.

- Tu voudrais bien l'allonger sur le lit? Je ne suis pas capable de la traîner, dit la Reine en pointant Yani.

Dekkan s'avança et cueillit la jeune Occidentale dans ses bras pour la déposer près d'Helridj.

Invité

Un léger bruit suivi d'un courant d'air retentit dans le couloir, derrière la porte qui s'entrouvrit légèrement...
Trois petits coups timidement frappés retentirent.

Invité

Phélos, ne sachant pas trop quoi faire, resta en retrait, observant la scène de ses yeux de braise. Les trois petits coups lui firent tourner la tête vers la porte. Ne voulant pas que tout ce petit monde se dérange pour aller ouvrir, il se colla à la tâche.

Dekkan leva les yeux vers la porte. Cela devait être une servante qui apportait des draps propres ou qui venait faire le ménage. Lorsque Phélos alla ouvrir, il ne bougea pas.

Invité

Ariane se tenait debout devant la porte, les bras le long du corps, légèrement mal à l'aise. Elle jeta un coup d'oeil à qui avait ouvert puis un regard circulaire aux personnes présentes dans la pièce.

-D... Dekkan ?

Elle fut choquée quand ses yeux s'arrêterent sur lui. Elle était bien sûr venue jusqu'ici en connaissance de cause et savait ce et qui elle allait rencontrer... Mais elle ne s'attendait pas à un tel changement...

Dekkan haussa un sourcil, puis s'avança un peu pour contourner le lit où étaient allongées Yani, Stena et Helridj.

- Euh... oui? Que puis-je faire pour vous?

Invité

Phélos s'effaca pour laisser passer la jeune fille et s'approcha de Siam, posant sa main sur son épaule, les yeux toujours rivés sur la curieuse scène qui se déroulait à l'entrée de la pièce.

Invité

Elle se mordit la lèvre inférieure mais ne fit pas un mouvement pour pénétrer dans la pièce. Elle sentait tous les regards fixés sur elle mais le sien était rivé sur celui de son frère.

-Tu ne me reconnais pas... C'est normal, ça fait longtemps...

Il ne lui était même pas venu à l'esprit de le vouvoyer... Elle hésitait à décliner son identité devant tout ce monde, et surtout devant sa soeur, Siam...

-Est-ce que... je pourrais te parler ?

Dekkan ne se rendit même pas compte que la jeune fille ne le vovoyait pas. Il n'était pas très à-cheval sur les marques de politesse. Perplexe, il décida de suivre la jeune fille en dehors de la pièce. Il ferma la porte derrière eux.

- Allons au salon, nous serons mieux pour parler.

Min-Lee et Siam se regardèrent, perplexes.

- Tu la connais?
- Euh... non.

Invité

La jeune fille acquiesca et descendit l'escalier, prenant,, sans s'en rendre compte, un chemin qu'elle avait des centaines de fois emprunté...

Surpris que la visiteuse connaisse le chemin, Dekkan la suivit sans rien dire.

"Ca a marché !" Avait dit Siam. Stena fronça les sourcils à cette réplique. "Ca a marché" ? Quoi ? Comment se faisait-il que... Que son corps ne soit plus baigné dans une sensation glaciale ? Qu'elle puisse bouger ? Que son coeur batte toujours ? Qu'elle soit... Vivante !? La mendiante hoqueta de stupeur, une idée noire commençant à germer dans son esprit à présent tout à fait fonctionnel, et retourna la tête vers Helridj, malgré l'étreinte de Siam. Elle savait maintenant pourquoi l'aura du chevalier était si faible, presque mourrante, et pourquoi aucune blessure profonde n'était visible. Domptant ses muscles encore un peu raides, Stena prit Siam par les épaule et l'éloigna légèrement d'elle, la mine très peu réjouie.

- Il... Il n'a pas osé... Il ne l'a pas fait, hein ? Dis-moi ! Il aurait dû mourir ! Pourquoi il n'est pas mort ? Pourquoi il l'a fait ? Il a été aidé, hein ? Pourquoi vous ne l'avez pas empêché d'enrôler quelqu'un d'autre dans cette technique ? Qui est cette personne qui l'a aidé ? Elle doit être morte, maintenant ! Il a sacrifié quelqu'un et il a failli se sacrifier pour moi, hein ? Quel chacal égoïste !

Elle tenta de retrouver son calme, son coeur déjà totalement dégourdi étant presque entrain de se noyer dans la tachycardie. Quand son visage redevint (presque) impassible, la mendiante avança l'une de ses mains encore froides sur la joue de son amie de sang royal, prenant une voix relativement douce et quelque peu inquiète.

- Qu'est-ce qui s'est passé, Siam ?

- Oula, doucement, avec les insultes. Il n'a pas fait cela tout seul, c'est vrai, et la personne qui l'a aidé n'est pas morte. À moins que je ne sois en fait qu'un fantôme.

Elle jeta un coup d'oeil anxieux à Min-Lee. Pourquoi Helridj ne s'était-il pas réveillé? Min-Lee sortit dans le couloir et appela une servante.

- Voulez-vous venir ici et m'aider à transporter cet homme à l'infirmerie?
- Tout de suite, madame.

Les deux femmes empoignèrent les chevilles et les aisselles du chevalier et sortirent de la pièce.

(

Infirmerie)

Invité

Phélos, toujours près de Siam, restait muet. Il essayait de comprendre la situation, mais y arrivait avec maladresse. Il lui manquait de grands morceaux de l'histoire, évidemment. Il poussa un petit soupir.

- Tu... Tu l'as aidé ? Tu as osé l'aider !? Il ne fallait pas ! Il aurait dû me laisser crever en paix au lieu de vous mettre tous deux en danger ! Deux morts pour une vie, c'est loin d'être équitable !

Relâchant les muscles de ses sourcils, elle baissa les yeux, son corps se détendant, puis la mendiante précipita ses bras autour de celui de Siam, qu'elle considérait maintenant comme une petite soeur.

- Même si vous méritez tous les deux une énorme paire de claques, je suis contente que tu ailles bien, soeurette.

Toujours étreingnant Siam, Stena regarda Min-Lee et la servante s'emparer d'Helridj, dont l'aura était toujours presque imperceptible. Il n'avait pas été si kamikaze que cela. Il s'était arrangé pour que la technique prennent plus de son énergie vitale que Siam. Il avait eu besoin d'elle, mais préférait que ce soit lui qui donne sa vie plutôt qu'eux deux.
Les yeux mi-clos par l'inquiétude, la Maître des Sables fit doucement remuer ses lèvres en un murmure triste.

- Quel idiot...

C'est alors qu'elle remarqua la présence de Phélos. Elle n'eut pas besoin d'une grande examination pour comprendre qu'il était du Feu. Elle n'était pas au courant qu'il avait rejoint l'Alliance, trop occupée par son retour à la vie. Disparaissant des bras de la princesse avec tant de rapidité qu'on ne pu voir son déplacement, elle réapparut devant le jeune homme et lui décocha un coup de poing dont la puissance n'avait d'égale que la nouvelle haine de sa propriétaire pour les Ténébreux.

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