Zyrkania: l'après-guerre
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Après les innombrables batailles et bains de sang, les catastrophes humanitaires et naturelle, il reste bien peu du continent de Zyrkania...
 
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 Il marchait dans une ruelle sombre

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AuteurMessage
Fayla
Ex-héritière de la Flamme des ténèbres
Fayla


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MessageSujet: Il marchait dans une ruelle sombre   Il marchait dans une ruelle sombre I_icon_minitimeSam 8 Déc - 22:39

Il marchait dans un tunnel sombre, qui passait sous un chemin de fer. Il était près de minuit et il était sorti dehors pour faire le vide dans sa tête. Il passait en boucle dans sa tête les dernières paroles de son père, juste avant le terrible accident qui les avait tués, lui, sa mère et sa sœur. Son père lui avait dit : « Toi, si j’avais eu à te choisir, je t’aurais pas pris, enfant de chienne! ». Sa mère s’était mise à pleurer et son père était sortit en coup de vent, suivi de sa grande sœur, droguée depuis six ans, qui le regardait avec ses yeux rouges et vitreux remplis de haine. Sa mère, elle, avait embrassé son fils avant de partir et lui avait dit à travers ses larmes : « Moi je t’aime pis tu l’sais ».

Éric essuya une larme sous le capuchon de son polar à l’effigie de KISS. Il repensait à tout ce qui était arrivé quelques semaines auparavant. La rencontre avec Jordan, le party chez Joëlle, les avances de Tanya qui ne lui faisaient plus d’effet, à présent. C’était bien normal, puisqu’Éric était homosexuel. Il venait de le découvrir, ou plutôt de l’admettre, quelques semaines auparavant, depuis qu’il avait vu Jordan pour la première fois. Ils étaient tombés follement amoureux l’un de l’autre. Après une première semaine où il avait passé la plupart de son temps chez son nouveau chum, à réfléchir sur la façon de l’annoncer à ses parents, un comptable au bord du burn-out et une mère au foyer très à-cheval sur la religion chrétienne, il leur avait enfin tout déballé, debout au centre du salon, les regardant dans les yeux, et s’attendant au pire. Sauf que le pire avait été pire que ce qu’il aurait pu imaginer. Sa mère avait plutôt bien réagit et semblait l’accepter, mais son père s’était levé et s’était jeté sur lui en le frappant, fou de rage. « Je savais que t’était pas normal toé, je l’savais, je l’savais! », avait-il hurlé. Sa mère s’était jeté sur lui pour l’écarter d’Éric, mais avait fendu l’air pour se retrouver contre le mur opposé de la pièce.

Voilà comment l’adolescent de 16 ans s’était réveillé, le lendemain matin, à l’hôpital, le visage couvert de bleus et souffrant d’une commotion cérébrale. Personne n’était venu le voir, même pas sa mère, ni sa sœur, ni même son meilleur ami Nick. Même pas Jordan.
Éric était revenu chez lui trois jours plus tard, en faisant de l’auto-stop sur le bord de l’autoroute. Arrivé chez lui, personne ne l’attendait, personne ne sembla remarquer sa présence. En réalité, il n’y avait personne chez lui. Il avait donc attendu pendant une heure. À leur retour, sa mère s’était précipité vers lui et l’avait serré dans ses bras. Son père, lui, l’avait complètement ignoré. Le souper s’était déroulé en silence. Les quatre membres de la famille étaient là, pourtant.

Peu après, on sonna à la porte. Éric se leva pour aller ouvrir. C’était Jordan. Ils avaient échangé quelques mots. Jordan devait rendre visite à une tante en Ontario lorsque « l’accident » était arrivé. Les deux adolescents avaient échangé un baiser avant de se quitter. Lorsqu’il avait refermé la porte, Éric était tombé nez à nez avec son père qui, le visage violacé, l’avait violemment empoigné au collet et envoyé valser contre le mur. Puis, il avait hurlé, sous le regard horrifié de sa femme : « Toi, si j’avais eu à te choisir, je t’aurais pas pris, enfant de chienne! ».

« Toi, si j’avais eu à te choisir, je t’aurais pas pris, enfant de chienne! ». Les mots résonnaient dans la tête du jeune homme. Puis, il revit les images de l’accident, comme un film au ralenti. Après une fête de famille, son père, complètement saoul, avait insisté pour prendre la route. Éric, lui, complètement lucide, avait préféré marcher. Sa mère et sa sœur s’étaient assises sans rien dire. Les roues crissaient sur l’asphalte. Un bruit assourdissant, puis l’explosion. La voiture avait heurté un camion. Le camion transportait des litres et des litres d’essence. Les flammes dansaient encore dans la tête d’Éric, comme une danse infernale, terrifiante.

Debout sur le bord du pont Jacques-Cartier, il pleurait. Oui, comme une tapette, comme un fiffe. C’est ce que tout le monde aurait dit en ce moment. Pourquoi était-ce si mal d’être différent? Pourquoi ne pouvait-il pas aimer celui qu’il voulait? Il aimait les hommes, et puis après? Qu’est-ce que cela changerait? Pourquoi ne pouvait-il pas être lui-même? Pourquoi, pourquoi…?

Ces dernières pensées se perdirent dans la nuit d’automne, comme le dernier long cri qu’il poussa avant que les flots du Fleuve Saint-Laurent ne l’avalent à tout jamais.
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